Calendrier gaulois

Le calendrier gaulois, reconstitué à partir de fragments découverts en 1897 à Coligny, dans l’Ain, est un témoignage précieux de l’organisation du temps chez les Celtes de la Gaule. Ce calendrier, gravé sur une plaque de bronze mesurant 150 cm de long et 80 cm de large, remonte au IIe siècle. Grâce à 153 fragments retrouvés, les chercheurs ont pu en reconstituer une partie, révélant des informations fascinantes sur la manière dont les Gaulois mesuraient le temps.

Un calendrier luni-solaire

Le calendrier de Coligny est un calendrier luni-solaire, ce qui signifie qu’il combine à la fois les cycles lunaires et solaires pour structurer l’année. Cette structure visait à aligner les mois lunaires avec les saisons solaires, un défi pour de nombreuses civilisations.

Le calendrier est organisé en cycles de cinq ans, appelés lustres. Chaque lustre comporte :

  • Trois années communes de 12 mois, chacun composé de 29 ou 30 jours.
  • Deux années supplémentaires de 13 mois, avec deux mois intercalaires de 30 jours chacun.

Cette configuration permet de maintenir un alignement relativement précis avec l’année solaire. À la fin de chaque cycle de 30 ans (soit six lustres de cinq ans), les Gaulois effectuaient une correction en supprimant un mois de 30 jours pour compenser les écarts accumulés. Ce système garantissait une moyenne d’environ 365,2 jours par an, proche de l’année solaire réelle.

Organisation de l’année gauloise

Le calendrier gaulois divise l’année en deux semestres et chaque mois en deux quinzaines, soit des périodes de 15 jours. Ce découpage précis révèle une organisation temporelle qui distingue les jours favorables des jours défavorables. Le calendrier mentionne un terme mystérieux, ATENOVX, qui sépare ces quinzaines. Ce mot, dont le sens reste inconnu, marque probablement une transition ou une pause dans le cycle du mois.

Les jours sont numérotés de I à XV avant ATENOVX, puis de I à XIII ou XV après. À noter que, comme d’autres peuples celtes et germaniques, les Gaulois comptaient les jours à partir de la tombée de la nuit, un contraste avec la coutume romaine de commencer la journée à l’aube.

Les noms des mois gaulois

Le calendrier de Coligny comporte 62 mois répartis en 16 colonnes, mais seulement 14 noms de mois apparaissent. Douze mois récurrents apparaissent cinq fois chacun, tandis que deux autres ne figurent qu’une seule fois, correspondant probablement aux mois intercalaires.

Voici les noms des 12 mois principaux :

  1. Samon
  2. Duman
  3. Riuros
  4. Anagantio
  5. Ogron
  6. Cutios
  7. Ciallos B.IS (mois intercalaire)
  8. Giamoni
  9. Simivis
  10. Equos
  11. Elembiu
  12. Aedrini
  13. Cantlos

Les deux mois intercalaires sont désignés par des termes inconnus ou abrégés, comme X… pour le premier mois intercalaire.

Une absence de semaines et de saisons

Le calendrier gaulois se distingue également par l’absence de semaines et de saisons telles que nous les connaissons dans les calendriers romain ou grégorien. Aucune division en quatre saisons n’apparaît clairement dans les inscriptions retrouvées. Cependant, on sait que l’année gauloise commençait vraisemblablement en novembre, au moment des grandes fêtes celtiques comme Samhain, marquant le début de la saison sombre.

Les jours favorables et défavorables

Une autre particularité notable du calendrier gaulois est la division des mois en jours favorables (anmatos) et défavorables (dismatos). Ces jours étaient probablement utilisés pour déterminer les moments propices pour des événements importants comme les récoltes, les fêtes religieuses, ou les rituels. En revanche, l’absence de fêtes religieuses explicites, à l’exception d’une mention, laisse penser que la religion gauloise se basait moins sur des dates fixes que sur des cycles naturels et des observations du ciel.

Une résistance face au calendrier julien

Malgré la conquête romaine et l’introduction du calendrier julien par Jules César en 46 avant J.-C., les Gaulois ont continué à utiliser leur propre calendrier pendant au moins 250 ans. Cela montre une certaine résistance culturelle et une volonté de conserver des traditions ancestrales, même sous l’autorité romaine. Cette coexistence de calendriers a probablement marqué une transition longue et complexe entre deux conceptions du temps.

Un système complexe et précis

Le calendrier gaulois révèle un système de mesure du temps à la fois complexe et précis, basé sur des observations astronomiques et un profond respect des cycles naturels. Ce modèle luni-solaire, ajusté tous les 30 ans, montre une compréhension avancée du temps et de la nécessité de l’adapter aux réalités solaires.

Le calendrier gaulois : une fenêtre sur le temps des Celtes

La découverte du calendrier de Coligny a permis de mieux comprendre la manière dont les Gaulois structuraient leur année et organisaient leur vie quotidienne. Ce calendrier luni-solaire, qui s’étendait sur des cycles de cinq ans et comportait des corrections tous les 30 ans, illustre la complexité et l’importance des systèmes temporels dans les sociétés anciennes. En résistant à l’imposition du calendrier julien pendant plusieurs siècles, les Gaulois ont montré leur attachement à leurs traditions et à leur vision du monde, profondément ancrée dans les cycles naturels. Ce calendrier demeure un témoignage fascinant de la culture celtique.

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